Il y a cette phrase qui revient comme un running gag épuisé : « Ah mais moi aussi, je suis lesbienne ! »
Certains rient. Moi pas. Parce que cette petite phrase dit bien plus qu’elle ne croit dire. Elle dit :
👉 Je ne comprends pas qui tu es.
👉 Je réduis tout ton vécu à un désir sexuel que je connais déjà.
👉 J’efface ton identité en me mettant à ta place.
C’est une plaisanterie à sens unique : elle amuse ceux qui ne vivent pas ce que nous vivons. Et elle écrase tout ce qui fonde notre existence lesbienne.
Réduire le lesbianisme à « aimer les femmes »… c’est passer à côté de 99% du sujet. Ce n’est pas une position sexuelle. C’est une position dans le monde.
Être lesbienne, c’est être :
• une femme (cis ou trans)
• qui aime d’autres femmes
• en tant que femme
• dans un monde où les femmes sont structurées par le regard masculin
Et ça change tout. Parce que l’amour des femmes, quand il naît depuis la place d’une femme, ne peut pas être comparé à l’amour des femmes depuis la place d’un homme.
Ce n’est pas la même histoire. Ce n’est pas la même liberté. Ce n’est pas le même danger. Ce n’est pas le même relief. Un homme hétéro n’aura jamais à se cacher pour aimer une femme. Une lesbienne, si. Encore aujourd’hui.
👉 Même orientation, zéro point commun dans les conséquences.
Il y a un malentendu massif autour des liens féminins :
— deux femmes se prennent dans les bras → elles se désirent
— elles sont complices → elles se chauffent
— elles se tiennent la main → c’est un signe pour plus tard
Non. Les hommes projettent le modèle de séduction hétéro sur toute interaction féminine. Ils croient que si une femme est tendre, c’est pour plaire.
Alors que la tendresse entre femmes a une toute autre fonction :
✨ C’est un espace de respiration
✨ Un lieu de sécurité
✨ Un terrain où on se reconnaît, sans enjeu
✨ Un lien pour rien… et c’est déjà tout
La sororité n’est pas faite pour être sexualisée. Et elle n’a pas besoin d’une traduction hétéro pour exister.
Quand on me dit : « Vu que tu es lesbienne, tu t’intéresses forcément à toutes les femmes »
Ce que j’entends c’est :
👉 tu n’as pas de relations platoniques valables
👉 ton désir ne peut que déborder partout
👉 tu existes par ta sexualité
Et là… on sort du comique pour entrer dans le violent. Parce que je perds le droit :
• d’aimer des amies sans équivoque
• d’avoir une intimité non sexuelle
• de circuler entre femmes sans être scrutée
On m’arrache mon droit à la simplicité. On me vole le droit au naturel. On me transforme en menace ou en fantasme… mais jamais en personne.
Quand un homme dit en riant : « Bah moi aussi je suis lesbienne ! »
Il se trompe sur tout :
✔ Il pense que c’est une affaire de “goût”
✘ Il oublie que c’est une affaire de rapport au genre
Il oublie :
• ma socialisation de femme
• les violences que j’ai intégrées
• le regard qui me sexualise depuis l’enfance
• les barrières posées entre femmes pour survivre
• la peur de trop en montrer ou de pas assez
• tout ce qu’implique aimer une femme quand on en est une
Un homme ne peut pas être lesbienne. Parce qu’il n’est jamais une femme dans cette société.
Le lesbianisme, c’est une identité complète. Une manière de :
• regarder
• désirer
• se protéger
• aimer
• exister entre femmes
et surtout… C’est une manière de se choisir soi-même. Parce que dans chaque histoire d’amour lesbienne, il y a une révolution tranquille :
👉 une femme qui se met au centre de sa vie
👉 une femme qui s’autorise à désirer
👉 malgré les murs, malgré les peurs
👉 et malgré les clichés
Ça mérite un respect total. Pas une punchline de vestiaire.
Oui, je suis lesbienne. Mais je ne suis pas que ma sexualité. Je suis amie. Je suis sœur. Je suis femme. Je suis humaine. Je suis complexe. Et je choisis mes attachés avec mon cœur - pas avec mon orientation. Alors s’il vous plaît :
🚫 Ne sexualisez pas ma sororité
🚫 Ne fantasmez pas mes relations féminines
🚫 Ne me collez pas dans un pack
Je mérite — comme toutes les lesbiennes — d’être regardée à hauteur de personne. Pas à hauteur de cliché.
Alice Sanchez - Sexothérapeute certifiée