Il y a des messages dont on ne connaît pas l’origine. Pas de visage. Pas de certitude. Pas de contexte clair. Ils arrivent bruts, violents, pensés pour heurter. Récemment, j’ai reçu un commentaire homophobe. Une tentative de me réduire, de m’atteindre, de me remettre à une place que je n’occupe plus depuis longtemps. Et pourtant, très vite, une chose s’est imposée : peu importe d’où cela vient. Ce qui compte, ce n’est pas la personne derrière l’insulte. C’est ce que ce type de message révèle… et ce que j’en fais.
Dans ce genre de situation, les hypothèses sont nombreuses.
Cela peut être quelqu’un :
dérangé par la visibilité d’une femme lesbienne assumée,
frustré de ne pas être désiré,
jaloux de voir une femme s’épanouir librement,
incapable d’accepter un “non” clair,
ou simplement en train de projeter une violence intérieure non transformée.
La vérité, c’est que toutes ces hypothèses peuvent coexister. Mais chercher laquelle est la bonne n’est pas l’essentiel. Parce que la haine n’a pas besoin d’être comprise dans le détail pour être dépassée.
Quel que soit le point de départ, le mécanisme est presque toujours le même.
Une femme :
visible,
lesbienne,
libre,
alignée,
qui pose des limites,
qui ne se rend pas disponible,
qui n’a pas besoin d’être validée.
Face à cela, certains vivent une perte de contrôle. Et cette perte cherche parfois à se compenser par la violence verbale. L’insulte devient alors une tentative maladroite de reprise de pouvoir.
L’homophobie n’est pas seulement une opinion ou une idéologie. Elle est très souvent une réaction émotionnelle. Une réaction face à :
une sexualité féminine qui échappe au regard masculin,
un désir qui n’est pas destiné à être satisfait,
une femme qui n’a pas besoin d’être choisie pour exister,
une identité qui se suffit à elle-même.
Ce que certains vivent comme une provocation n’est, en réalité, qu’une existence libre.
Il y a un point essentiel à nommer. Je suis profondément passionnée par le genre humain. Par les comportements, les mécanismes psychiques, les réactions de défense, les stratégies inconscientes face au rejet, à la frustration et au désir. C’est cette passion qui m’a menée à mes études,
puis à devenir sexothérapeute. Et c’est aussi pour cela que ce type de message ne me met pas en colère. Il m’interpelle.
Face à ce genre de propos, une question me traverse presque toujours : qu’est-ce qui a pu arriver à cette personne pour qu’elle en arrive là ?
Quel rapport au rejet ? Quelle difficulté à accueillir la frustration ? Quelle confusion entre désir, droit et domination ? Quelle solitude émotionnelle non reconnue ?
Ces comportements ne naissent jamais dans le vide. Ils sont toujours le produit d’une histoire, d’un conditionnement, parfois d’une grande souffrance intérieure mal canalisée.
Soyons très clairs. Comprendre ne veut pas dire excuser. Observer ne signifie pas tolérer. Je ne banalise pas la violence. Je ne la minimise pas. Je pose des limites fermes : je bloque, je protège, je cadre. Mais je refuse aussi de répondre à la violence par la déshumanisation.
Il y a une autre chose que je ressens, et elle est importante à dire. Quand quelqu’un en arrive à ce niveau de violence verbale, je ne vois pas une personne forte. Je vois quelqu’un de profondément malheureux.
Quelqu’un qui n’a jamais appris à :
gérer la frustration,
accueillir le rejet,
transformer ses émotions autrement que par l’attaque.
Et parfois, très sincèrement, la pensée qui me traverse est simple : Cette personne doit tellement souffrir intérieurement… que j’aurais presque envie de lui faire un câlin.
Pas pour excuser. Pas pour minimiser. Mais parce que personne d’apaisé n’écrit ce genre de message.
Je peux ressentir de la compassion et poser une limite ferme. Je peux comprendre et refuser l’intrusion. Je peux voir la souffrance sans m’y exposer.
La compassion n’est pas une ouverture à la violence. C’est une posture intérieure. Et c’est précisément cette posture qui me permet de transformer, plutôt que de durcir.
Je ne réponds pas par l’attaque. Je ne fais pas de procès publics. Je ne cherche pas à humilier. Je transforme. Et c’est ici que je veux être très claire.
👉 Si cette personne ressent, derrière sa violence, une vraie souffrance,
👉 si elle est capable de remettre en question son comportement,
👉 si elle souhaite comprendre ce qui se joue pour elle,
alors oui : je suis prête à lui proposer une séance de sexothérapie, dans un cadre strict, professionnel, sécurisé, avec une réduction de 50 %.
Pas par faiblesse. Pas par pardon forcé. Mais parce que je suis convaincue d’une chose :
👉 quelqu’un qui en arrive à agresser verbalement a besoin de soin, pas de haine en retour.
Je ne suis plus dans la réaction. Je suis dans la souveraineté. Là où certains attendent une blessure, je choisis la conscience. Là où l’on espère une guerre, je propose un cadre de soin. 👉 D’un tas de merde, je fais de l’or.
Être une femme lesbienne visible, assumée, alignée, ce n’est pas anodin. C’est un acte politique, relationnel, humain.
Un acte qui :
rend le consentement non négociable,
rappelle que le désir ne se réclame pas,
et que la liberté féminine n’a pas à s’excuser.
Si cette visibilité dérange, alors elle est nécessaire.
Je ne sais pas qui tu es. Je ne sais pas ce que tu traverses. Mais je sais une chose. Tu n’as pas réveillé une blessure. Tu as confirmé une vocation. Et pendant que tu pensais attaquer, moi, j’ai continué à faire ce que je fais le mieux : observer, comprendre, poser des limites, proposer du soin, et rester humaine. Même là où d’autres auraient choisi la haine.
Cette proposition de séance n’est pas une invitation ouverte à la violence. C’est une porte de soin conditionnée à un cadre, une remise en question et un respect absolu. Parce que la compassion, quand elle est adulte, ne se sacrifie jamais.