J’ai appris que beaucoup de gens ne savent pas faire avec le changement. Changer de milieu, de langage, de rythme, de peau parfois… Ça les insécurise. Et plutôt que d’accompagner ce mouvement, ils préfèrent s’accrocher à une version figée de toi.
J’ai appris que certaines personnes ne restent que tant qu’elles y trouvent un intérêt. Que peu sont capables de voir l’humain derrière la fonction, la place, le rôle. Parfois, on n’est pas aimé pour qui l’on est, mais pour ce que l’on apporte. Et quand on cesse de « servir », on devient dispensable.
J’ai appris qu’il fallait parfois perdre beaucoup de monde pour se retrouver soi.
J’ai appris aussi que l’amitié peut être un acte concret, incarné. Que certaines personnes sont capables de mettre leur vie entre parenthèses le temps d’un week-end, pour garder ce que tu as de plus précieux, afin que tu puisses simplement aimer. Et que ce genre de présence-là ne s’oublie jamais.
J’ai appris qu’une petite lapine pouvait se battre pour sa survie avec une force démesurée, et que la fragilité n’empêche jamais la puissance.
J’ai appris qu’une autre pouvait offrir un amour immense, simple, entier, sans attente ni condition. Et que cet amour-là, même silencieux, laisse une trace durable.
J’ai appris que certaines personnes peuvent se rapprocher sous couvert d’amitié, de curiosité ou de liberté, alors qu’elles ne cherchent qu’à prendre. Prendre du temps, du corps, de l’énergie, du savoir. Sans cadre. Sans respect. Sans éthique. Et que découvrir ensuite les mensonges, les alliances cachées, les loyautés troubles, apprend à ne plus confondre ouverture et naïveté.
J’ai appris que tout ce qui se dit « libre » ne l’est pas. Et que la liberté sans conscience devient prédation.
J’ai appris que mon corps n’est pas un espace pédagogique gratuit. Ni un terrain d’expérimentation. Ni une monnaie d’échange.
J’ai appris que mon intuition avait souvent raison bien avant que les faits ne le confirment.
J’ai appris que l’on peut rencontrer des personnes pleines d’élan, mais incapables de faire une place à ce que tu es réellement.
Que vouloir aimer ne suffit pas quand cela implique d’enfermer l’autre dans un schéma qui n’est pas le sien. Et que refuser cela,
ce n’est pas rejeter, c’est se respecter.
J’ai appris que les amitiés les plus solides ne reposent pas sur la fusion, mais sur le respect, la sororité, et la joie sincère de se retrouver après le temps, d’échanger, de transmettre, et de se reconnaître dans ce que chacun·e est devenu·e.
J’ai appris que l’amour n’est pas être ensemble en permanence. L’amour, c’est laisser de l’espace. C’est permettre à l’autre de traverser ses propres épreuves, de faire ses propres erreurs, d’en tirer ses propres conclusions, sans jamais le brider.
J’ai appris aussi à désapprendre certains mythes. J’ai appris que tout ce qui brûle n’est pas sacré, et que tout ce qui fait mal n’est pas profond. On appelle parfois flamme jumelle ce qui n’est qu’un incendie de blessures anciennes. Une vraie flamme ne détruit pas.
Elle éclaire. Un véritable lien d’âme n’arrache rien. Il accompagne. Il élève.
J’ai appris qu’un amour juste n’a pas besoin de chaos pour être immense, ni de violence pour être éternel. Il existe des liens qui ne brûlent pas la peau, mais réchauffent l’âme sur la durée. Des amours qui ne prennent pas toute la place, mais qui restent. Celui qui marche à côté, même quand les chemins s’éloignent un temps. Celui qui ne retient pas, mais qui est là jusqu’au dernier souffle.
J’ai appris aussi que l’amour pouvait transformer un lieu. J’ai appris à aimer Paris. Moi qui n’y connaissais que les crises d’angoisse,
le métro oppressant, la foule, le bruit, la sensation d’être submergée. J’ai appris à aimer cette ville parce que 🌸 m’en a montré les charmes avec douceur. À son rythme. Sans me forcer. Aujourd’hui, je traverse Paris avec le sourire. Non pas parce que la ville a changé, mais parce que je ne suis plus seule pour la traverser. Parce qu’une main tient la mienne. Et parfois, aimer quelqu’un,
c’est aussi apprendre à aimer le monde autrement.
J’ai appris que la distance n’est pas l’absence. Et qu’elle peut parfois être une forme de justesse, voire de protection. J’ai appris que l’on peut aimer profondément sans s’effacer, sans se sacrifier, sans se perdre.
J’ai appris aussi à regarder mes exs autrement. À les remercier. Pour l’amour, pour les éclats, pour les erreurs, pour les épreuves, pour les blessures même. Sans elles, sans eux, je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. Chaque histoire a laissé une empreinte.
Et aucune n’a été vaine.
J’ai appris qu’un père peut abandonner ses enfants sans remords, et que cette blessure-là ne définit ni leur valeur, ni celle de celles et ceux qui restent.
J’ai appris que certaines relations peuvent être destructrices sans être bruyantes, et que mettre des mots dessus est déjà un acte de survie.
J’ai appris que poser des limites ne fait pas de moi quelqu’un de dur, mais quelqu’un de sain.
J’ai appris que le silence peut être plus respectueux que certaines présences envahissantes.
J’ai appris que protéger mon cercle n’est pas m’isoler, mais m’honorer.
J’ai appris que mon ADN de personne libre n’est pas négociable. Ni par amitié. Ni par désir. Ni par amour.
J’ai appris que la cohérence intérieure est devenue plus importante que l’appartenance à un milieu, à un rôle, ou à une étiquette.
J’ai appris que la solitude choisie est une force. Qu’elle permet l’infusion, la création, la reconstruction, là où le bruit empêche d’entendre l’essentiel.
J’ai appris que ma sensibilité n’est pas un défaut, mais un outil fin, puissant, exigeant, à condition de ne plus la laisser à disposition de n’importe qui.
J’ai appris que se sentir légitime prend autant de temps que d’apprendre un métier. Que la légitimité ne vient pas d’un regard extérieur, mais de l’alignement entre ce que je fais, ce que je dis, et ce que je suis.
Et surtout, j’ai appris la gratitude. Pour un rayon de soleil. Pour un moment de calme. Pour un câlin d’un de mes animaux. Pour les rires, la présence, la force de mes filles. La gratitude est devenue le sentiment numéro un qui m’anime aujourd’hui.
2025, tu m’as fait mal. Tu m’as dépouillée. Tu m’as confrontée à la perte, à la désillusion, à la vérité nue. Mais tu m’as beaucoup appris. Année 9. Année de fin. Année de clôture.
Je ferme ce chapitre sans colère. Je n’emporte ni le bruit, ni les masques, ni les rôles qui ne m’appartiennent plus.
Je garde la lucidité. La liberté. La gratitude. Et la fidélité à moi-même.
2025, tu n’étais pas là pour caresser. Tu étais là pour terminer.
Et je te laisse ici. Avec ce que tu m’as pris. Et surtout, avec tout ce que tu m’as appris.